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La moustoile con​ç​oit par l'oreille et enfante par la bouche

by Moustoile

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1.
Une bière et un paquet de chips au Leader Price de Ramonville. Les grands vols d'étourneaux qui larguent les amarres. La Twingo qui démarre en se raclant la gorge. Un blaireau percuté au bord du macadam - dépecé, embroché, sans graviers. Le vin rouge des Corbières miroitant dans les phares. Et l'autoradio en roue libre. Covoiturage avec Sophie. Dans un même cocon, dans une même gêne. Un kébab à Narbonne, la mort aussi a son manège. La sauce blanche nous montre le chemin à travers les platanes. La clairière des plages au milieu des immeubles. Rassemblement d'été pour la reproduction. Et Sophie à côté qui regarde en l'air quand je regarde ses jambes. Qui regarde la foule ahurie des oiseaux sur le ciel. Une aire d'autoroute, un casse-croûte écrasé, pas de sexe la nuit dernière. J'ai perdu la carte de France. Un camembert volé dans un supermarché. Elle a vu les étoiles dans le ciel de midi. Elle a les étourneaux, et moi j'ai la Twingo. Dans ses yeux qui ont perdu le nord, tournoie une boussole. Le sextant dans mon slip calcule le trajet. Nous suivons les nuées. Des étourneaux grillés. Des salades de gésiers. Des langues d'étourneaux enrobées de gelée. Du sansonnet broyé pour en faire du pâté. Manger, bouger, mâcher, bousiller. Manger, bouger, mâcher, bousiller. Suivez les pointillés, découpez les nuées. Bousiller les oiseaux, bouffer les étourneaux. L'amour je l'ai connu en passant la cinquième. L'amour je l'ai connu en passant la cinquième, j'ai doublé un camion en frôlant son genou.
2.
Twingo 02:07
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5.
Soudainement pour vivre, j’avais besoin d’un toit, de manger et d’être entouré d’amis. J’étais donc parti vivre dans un parc zoologique. J’aurais aimé être nourri par les offrandes des temples, le reste des repas des dieux, partagé entre les prêtres. Mais les temples, il n’y en avait déjà plus et les prêtres étaient à la rue. Les offrandes, c’est au zoo qu’on les dépose. On y apporte le pain sec. Je m’étais installé dans une de ces cages vides qu’on remarque souvent dans les zoos quand on est enfant. On s’approche du grillage pour scruter l’intérieur de l’enclos : la mare, les buissons, la fosse, le petit abris en rondins. Rien. C’est aussi étonnant que de voir un pangolin, d’observer une cage vide. On ne sait jamais à quel point elle est capable d’être vide. Ces fourmis sur le sol, ce moineau sur la branche… Non, ils ne sont pas vraiment d’ici, ils sont entrés de leur plein gré, pour y manger des miettes. Adressé aux sapiens adultes, un mot de la direction déclare l’enclos « temporairement vide ». Mais le vide ne saurait s’écrire qu’à l’encre sympathique ; et l’encre officielle est rarement sympathique. Comment une cage de zoo pourrait-elle être vide ? Elle est comme un tableau non peint dans un musée, qui voit passer devant lui autant de visiteurs qu’une toile de maître. Alors, les enfants jettent quand même un bout de pain sec dans l’enclos vide, avant qu’on ne leur interdise. Avant qu’on ne leur explique que l’animal a été mis ailleurs, que le zoo n’est pas le village des animaux mais une prison avec des transferts de prisonniers. Des cellules avec des avis d’expulsion rédigés par les humains, pas uniquement parce que les animaux n’écrivent pas, mais parce qu’on ne leur demande pas leur avis. Ce pain jeté par les enfants, il n’était pas perdu. Moi, j’habitais dans cette cage vide plutôt que sous un pont. La nuit, je sortais de ma cabane de rondins et j’allais ronger les restes en écoutant le rugissement de la lionne, ma voisine. Par terre, des graines et du pain sec, dans les poubelles des sandwichs, dans les cages de la viande. Mais les jours de mauvais temps, personne ne va au zoo. On ne veut pas se mouiller. On ne veut pas non plus penser à tous ces animaux ridicules sous la pluie. Le poil collé, la plume basse, ils sont tristes et ils grelottent dans leurs camps de concentration. Il n’y a plus de doute sous la pluie. Si le roi des animaux est en prison, ce n’est pas un très bon signe pour leur nation. Après une semaine de pluie, je commençais à avoir faim. La pénurie des visiteurs est dans le zoo l’arrêt du surplus de denrées. Désormais, chaque organisme était alimenté d’une ration calibrée, précisément calculée par la science et l’économie. La diététique devait entretenir le matériel en bonne santé. Comme la lionne, et comme chaque représentant des espèces prédatrices, j’étais seul dans ma cage. Mais je ne ruminais pas, les ruminants sont en troupeau. J’étais comme un clown perdu dans la ménagerie d’un cirque lui-même perdu au milieu du désert. Un clown qui commence a avoir des idées de repas en regardant les lamas du numéro précédent. Bientôt, j’allais devoir manger mes compagnons d’infortune, comme un rugbyman uruguayen perdu dans les Andes. Tout ça à cause de la pluie qui stoppe les quignons. J’avais déjà repéré le choucador à oreillons bleus, l’étourneau métallique commun ou Lamprotornis chalybaeus. Ses reflets bleu-vert commençaient à dangereusement tenter mes penchants carnassiers. Enfreignant la règle humaine du zoo, j’ai franchi la barrière. La frontière interspécifique. L’étourneau à mon approche s’est envolé vers le soleil, mais le filet de la volière l’a maintenu à ma portée. Le brave volatile d’Afrique de l’ouest est mort entre mes mains. Il a ensuite perpétué la chaîne trophique de l’énergie de vie filtré par mon duodénum. C’était bon malgré les petits os. Les magdaléniens suivaient les rennes. Les indiens suivaient les bisons. Les patagons suivaient les guanacos. Les français suivaient les matchs de foot. On a le troupeau qu’on mérite, parait-il. Et c’est ce jour-là que je l’ai décidé de mon troupeau. Pour moi, ce sera les étourneaux. Je suivrai les nuées d’oiseaux pour m’en nourrir. De ville en ville, de nichoir en platanes, de pylônes en nuages. J’irai sur les routes à la suite de leur migration. Résigné à l’oisiveté, je vivrais la tête haute, suivant le vol centripète de l’oiseau ravageur. Parasite d’un nuisible, je serai le plus adapté des prédateurs modernes. Comme le détrousseur de dealers, le conseiller de ministres ou le marchand de roquettes. En haut, tout en haut de l’écologie, au sommet de la pyramide industrielle.
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La Moustoile 01:33
8.
Mammouth 02:43
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Emballage 02:28
Mon corps tout entier est une intempérie, j'inonde le parquet. Mon sang est sans abri. Je jette au tout-venant mon cri non sélectif: déchargez-moi d'un poids, déchargez-vous de moi, recyclez-moi! J’ai des capotes et un fourreau, où sont ma bite et mon couteau ? Réutilisez-moi /Réutilisez-moi /Réutilisez-moi J’ai des capotes et un fourreau, où sont ma bite et mon couteau ? Réutilisez-moi/Réutilisez-moi/Réutilisez-moi...
10.

credits

released March 10, 2016

Enregistré et mixé par Benjamin Glibert à Galembrun au printemps 2015.
Masterisé par Cylens. Produit par Moustoile avec le soutien de Label Brasseuse et le collectif Station Pilote.
Graphisme: cristian-pineda.blogspot.fr

Anne-Lise: clavier
Arnaud: batterie
Clément: textes
Cristian: guitare
Simon: voix

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Moustoile Toulouse, France

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